mardi 14 février 2017

Journée 10 : départ de Saint Louis vers Dakar, grand séminaire de Sebikhotane, foyer de charité du cap des biches

A huit heures cinquante précises, notre car s'ébranle vers Thies via Tivaouane. Trois heures de route... mais nos bardes sont en pleine forme : Régis nous livre un de ces écrits sur la partie de carte qu'il a joué avec le Père, le Fils et le Saint Esprit, Paul nous gratifie de la fable de la chèvre et du baobab :

La chèvre et le baobab

Un jour, dans la savane herbeuse
La chèvre fort agile et néanmoins songeuse
Fouillait au pied d'un baobab
Un tas de détritus laissés par le toubab 
(c'est ainsi qu'est nommé le blanc qui en Afrique
Dans un assaut d'humeur philanthropique
Est venu imposer son miracle technique
Sous forme de bouteilles et de sacs plastiques)
Notre chèvre soudain avise le grand arbre
Et lui tient à peu près cette palabre :
"Peux tu me dire - ô baobab ! -
Sans vouloir offenser ni ton rang ni ta race,
Ce qui t'a pu valoir une telle disgrâce ?
Tu es puissant, mais laid,
Solide, mais noueux,
Et ton feuillage est si caduc 
Que souvent tu exhibes tes moignons sans suc.
Robuste, assurément ; mais figé dans les cieux.
Regarde moi un peu : je bouge je gambade,
J'agis, j'esquive, je cours, je pétarade !
Je suis chez moi partout au Sénégal.
Routes, steppe ou maisons: tout m'est égal !
Du moindre détritus je compose un régal.
Que dis tu de cela n'envies tu pas mon sort ?"
Disait la chèvre à l'arbre dont Senghor
Fit autrefois l'emblème d'une indépendance 
Qui ne reniait pas la France.

L'arbre alors rompt le silence
Et de la chèvre, avec douceur, relève l'insolence :
"Ô Chèvre ! il est certain : je n'ai pas ta mouvance !
Je ne bouge jamais,
Mais sous quel arbre immense 
Irais-je m'abriter?
Et l'ombre bienfaisante
que tu viens sous moi chercher 
Est la rançon clémente
De ma fidélité.
Tu me vois immobile; mais tendu vers le ciel
Je supporte pour toi l'ardeur d'un dur soleil
Que je rends en fraîcheur à nulle autre pareille.
Il est vrai que parfois mes branches se déplument :
Je n'ai plus rien alors pour flatter le regard.
Je ne regrette pas pourtant ma majesté posthume.
Le vrai royaume ne se laisse entrevoir 
Avec des yeux de chair.
Ne t'arrête pas tant à l'aspect, aux grands airs,
Et songe à remercier le maître de la vie :
Il fit les uns agiles, les autres engourdis,
Les uns papillonants
Et les autres veilleurs.
Que nul ne songe à s'estimer meilleur !

Joël nous livre quelques textes humoristiques sur les valises, sans oublier le contact permanent virtuel ou réel avec Jean-Michel qui souhaite à tous une heureuse Saint Valentin, lui même ayant spécialement acheté du chocolat et du poisson pour sa femme .

Escale technique de 10 min à la maison du prêtre, délai respecté, ce qui nous vaut une bouteille de champagne offerte par le père Louis Pasteur !

Un peu plus loin, Jean-Michel est au rendez vous pour donner quelques plantes à deux de nos amis (Victorine et Geneviève). Il nous fait un au revoir plein de sensibilité et de foi, de sa voix chantante et sereine.

Quelques kilomètres plus loin, nous longeons le domaine fruitier d'un riche libanais, fili fili, avant de rentrer dans le magnifique domaine du grand séminaire inter diocésain de Sebikhotane. Nous sommes accueillis par le recteur, le père Alfred Sarr avec quelques autres formateurs.
Le père Alfred nous conduit voir les séminaristes qui terminent leur déjeuner, puis, il nous fait visiter la bibliothèque bien achalandée, la chapelle. Nous terminons par un excellent pique-nique sous les manguiers, chez les sœurs du Cœur Sacré de Marie qui nous rendent visite. Nous sommes frappés par leurs très jolis sourires épanouis, qui respirent la paix et la sérénité.

Nous reprenons la route vers Dakar pour nous rendre au foyer de charité de la pointe des biches  à l'entrée de la capitale.
Comme tous les foyers de charité, celui de Dakar se trouve sur un très beau site, un petit plateau dominant la mer, avec Dakar au loin. L'ensemble est composé de bâtiments rectangulaires positionnés de manière géométrique autour d'une jolie chapelle. Nous assistons à La Messe concélébrée par le Père Jean Luc NDour et le Père Louis Pasteur. Nous sommes ensuite accueillis par l'ensemble de la communauté.
Cette communauté fondée par Jacques Pagnoux est composée de français et de sénégalais. Les communautés de foyer de charité sont composées de laïcs, hommes et femmes, qui sont invités à prendre un engagement définitif. Chaque communauté est animée par un prêtre qui est le "père", la mère étant Marie. Il nous est expliqué que la référence de la communauté est la sainte famille. Au fil des témoignages, nous découvrons que Marthe Robin avait un charisme particulier pour faire découvrir ou conforter l'appel reçu par les croyants, ce qui explique que les foyers de charité se sont spécialisés dans les retraites (ici dites fondamentales ou d'approfondissement) au cours desquelles les retraitants trouvent souvent leur vocation, ce dont témoigne Louis Pasteur lui-même.

Ce furent encore deux moments forts de rencontre le jour de cette saint Valentin.