vendredi 10 février 2017

Journée 6 : la petite côte

Nous partons pour la petite côte en empruntant la nouvelle route du futur aéroport international de Dias. Chemin faisant, nous croisons de nombreux camions de travaux. Nous passons sous la nouvelle autoroute qui reliera Dakar à l'aéroport, mais aussi Poponguine. En effet, le gouvernement a décidé de relier par des voies rapides les deux grands lieux de pèlerinage du pays, Touba pour les musulmans et Poponguine pour les catholiques. Cette autoroute est une véritable fierté pour les Sénégalais.
Concernant Poponguine, un premier missionnaire a débarqué en 1848 où il a vécu dans une grotte habitée par des esprits. Celui-ci n'étant pas mort, comme prévu par les autochtones, ceux-ci ont fini par l'écouter. Ce fut le début de la christianisation. Plus tard, un prêtre du diocèse de Bayeux a amené la vierge noire de Notre Dame de la Délivrande. Ce sanctuaire est l'occasion de pèlerinages où de grandes foules se déplacent (une journée à pied depuis Thies) avec le support logistique de la population catholique, mais aussi musulmane qui louent Marie.
Nous sommes accueillis par le recteur du sanctuaire, le père Marie-Jean de Cumond, moine de la communauté saint Jean, "petit gris".
Il nous conduit à l'école primaire catholique dirigée par une équipe souriante et dynamique constituée de jeunes femmes et d'un seul homme. Les enfants semblent enthousiastes à l'idée de préparer leur kermesse annuelle.
Nous faisons le tour du sanctuaire de 15 000 personnes construit spécialement pour la venue du pape Jean Paul II en 1992 qui déclara alors "On pourrait dire que le Peuple de Dieu du Sénégal a invité, ici d’une façon spéciale la Mère de Jésus et que Marie a accepté l’invitation".
Ce sanctuaire est parsemé de petites grottes abritant un saint devant lesquelles les pèlerins peuvent venir prier. Après la visite du sanctuaire, nous sommes accueillis par la supérieure du noviciat d'une communauté sénégalaise, les sœurs du Cœur de Marie, dont une équipe est en mission à Évreux. Nous les avions d'ailleurs rencontrées lors de notre sortie paroissiale à Évreux en 2016.
Ce noviciat est une belle construction carrée autour d'un cloître avec une belle terrasse donnant sur la mer et les collines environnantes. Nous nous sommes ensuite tous retrouvés dans la basilique pour la messe présidée par le recteur.
En partant, celui-ci nous annonce le projet de construction d'un autre sanctuaire de 60 000 places. Il y aura donc, comme à Lourdes, l'ancien et le nouveau sanctuaire, mais celui-ci sera beaucoup plus grand que celui de Lourdes qui deviendra, selon le recteur, un petit Poponguine !
Plus de détails sur le sanctuaire à http://www.stjean.com/poponguine

Nous rejoignons le petit séminaire de Ngazobil en passant par Mbour dont nous admirons la mosquée rose. La route est un peu moins bonne et ne nous permet pas de rattraper notre retard structurel...

Face à la mer, nous dégustons notre pique-nique au milieu de la cour du petit séminaire. Nous profitons de la plage pour prendre notre premier bain de mer, bien agréable...

Le père directeur Etienne Sene nous décrit ensuite l'histoire, le fonctionnement et les objectifs du séminaire.
Il est destiné aux enfants à partir de 11 ans qui ont exprimé un souhait de devenir prêtre. Après un an de suivi par une équipe paroissiale, l'enfant peut être proposé par son curé pour rejoindre le petit séminaire qui réunit 120 enfants pour les classes de la 6e à la 3e.
Nous rencontrons enfin les enfants qui nous reçoivent en chantant. Un des aînés dirige tel un chef d'orchestre ce puissant chœur qui nous émeut.

Il est largement temps de partir... et Balla, notre chauffeur, nous conduit vers Fadiouth, l'île aux coquillages.

En passant, nous apercevons la maison où Léopold Sedhar Sengor a grandi à Joal.
Sur le parking nous sommes accueillis par Pierre (un ami de Pierre) et nous nous engageons sur la longue passerelle en bois nous permettant de rejoindre l'île.

L'abbé Joseph TOURE nous accueille sur le porche de son église et nous décrit son île à 90% catholique avant de nous inviter à boire un verre bien rafraîchissant, quel sens de l'accueil ici !

Nous nous faufilons dans les petites ruelles tapissées de coquillages accumulés au fil des siècles pour rejoindre le cimetière qui réunit chrétiens et musulmans. Les tombes sont recouvertes de coquillages, et des baobabs siègent majestueux ça et là sur cette colline.
À son sommet un panorama magnifique s'offre à nous : l'île au milieu de la mangrove, sur laquelle nichent des milliers de pélicans.

La nuit tombe visiblement de plus en plus vite à moins que nous ne devenions de plus en plus Sénégalais : les Européens ont des montres, les Sénégalais ont le temps !